Projet artistique

POUR ANNONCER LA COULEUR DU THÉÂTRE QUE NOUS AVONS EN TÊTE

 

1. La meilleure façon de défendre le théâtre jeune public est de faire en sorte que les adultes s’y intéressent. Proposer du théâtre pour les adultes, mais qui soit accessible aux enfants.

Musique, danse, littérature : quel que soit notre âge, les notes, les gestes, les mots sont les mêmes. En ce sens, le théâtre Dunois n’est pas un théâtre jeune public.

 

2. À la question : qu'est-ce que le théâtre jeune public ? Je répondrais : quel théâtre ne peut pas être jeune public ? 

Quelles représentations du monde doit-on épargner à l'enfant ? Peut-être aucune, si ce n’est celles de la vulgarité et du mensonge.

 

3. À l’instar de celles et ceux qui disent encore : « elle écrit bien pour une femme », il y a celles et ceux qui disent : « c’est pas mal pour du jeune public ! »

Décloisonnons les arts, décloisonnons les genres, décloisonnons les âges !

 

4. Tout public : il y aura celles et ceux qui viennent avec l’école, celles et ceux qui viennent avec des ami·es, celles et ceux qui viennent en famille, celles et ceux qui viennent en couple, et celles et ceux qui viennent tout·e seul·e.

 

5. « Ma pièce s’adresse au jeune public, mais pas que ! » préviennent souvent les artistes qui créent pour la jeunesse.

Travailler pour les enfants leur enlèverait-il un peu de légitimité artistique ? Pourtant, le théâtre jeune public est forcément tout public, alors que le théâtre vieux public, lui, est exclusif.

La création pour tous·tes serait-elle moins honorable que la création pour quelques-un·es ?

 

6. Les enfants dont les parents n’ont ni les moyens, ni le temps, ni l’habitude d’une pratique artistique : ne les abandonnons pas dans la jungle des industries culturelles. Permettre à chacun·e d’accéder à l’art est une question de santé publique.

 

7. Aménager le théâtre de telle sorte qu’on s’y sente bien. Libre de circuler, de s’exprimer, d’y manger et boire, libre de partir, de rester, de penser. Un théâtre sans mondanités.

 

8. Être jeune spectateur·rice, c’est aller au théâtre avec des yeux et des oreilles, plutôt qu’avec des idées reçues, des attentes et le souci d’applaudir au bon moment. Ce n’est pas une question d’âge.

 

9. Nous accueillerons des compagnies plus que des spectacles. Les artistes qui, pour un temps, s’installeront au théâtre Dunois, placent au cœur de leur travail, la rencontre avec le public.

Débats, ateliers de pratique artistique, soirées festives... seront aussi importants que les œuvres dont ils découlent.

 

10. Beaucoup de gens, aujourd’hui, n’ont aucune raison d’aller au théâtre. Le théâtre leur donne l’impression de remâcher du vieux et du déjà-vu, iels s’imaginent qu’il ne s’y passe pas grand-chose, ou qu’iels n’y comprendront rien. Iels veulent des choses nouvelles, surprenantes, étranges…

Comme le metteur en scène Stanislavski, qui, voulant dépoussiérer le théâtre de son époque, écrivait en 1907 : « Le théâtre pour enfants, c’est le théâtre pour adultes en mieux ».

 

Christophe Laluque
Directeur